La culture japonaise est connue pour ses traditions, et nulle part ailleurs cela n'est plus évident qu'en MotoGP. Pendant des années, Yamaha et Honda ont honoré leurs méthodes, résistant au changement alors même qu'elles passaient de l'avant à l'arrière de la grille. Mais la dure réalité est désormais indéniable : ce qui a fait d'eux des équipes gagnantes est devenu très obsolète.

La saison dernière, les deux constructeurs n'ont même pas réussi à décrocher un seul podium. Leur chute ne fait que souligner la profondeur du trou dans lequel ils se sont enfoncés. Mais le chemin de la rédemption commence ce mercredi, avec le début des premiers essais de pré-saison 2025 à Sepang. Yamaha, en particulier, a procédé à des changements significatifs pour revenir à la compétition, après des essais prometteurs au cours desquels Fabio Quartararo s'est montré le plus rapide. Maintenant, avec des pilotes comme Marc Marquez et Francesco Bagnaia, le vrai test va commencer.

Le pari de Yamaha

Cette année, Yamaha dispose de quatre motos sur la grille de départ. Après deux saisons passées avec seulement deux motos, le constructeur japonais présente quatre motos d'usine, une décision qui s'imposait. Leur décision de laisser leur équipe satellite s'effondrer les années précédentes, en raison d'un investissement sans garantie de retour, s'est avérée être une énorme erreur de calcul. À une époque où les données sont importantes, minimiser leur présence n'a fait que ralentir leur développement, conduisant à une perte des points forts de leur M1.

Les conséquences ont été visibles. Avec un retour d'expérience limité, Yamaha a eu du mal à s'adapter, laissant Quartararo et Alex Rins terminer près du bas du classement lors de la saison 2024. Cependant, ils ont désormais de nouveaux alliés en la personne de Pramac Racing. Contrairement aux partenariats précédents avec RNF, Sepang Racing Team, ou même leur association de longue date avec Tech3, cet accord devrait être une véritable collaboration plutôt qu'un simple accord de fournisseur.

Apprendre de Ducati

Si Yamaha a appris quelque chose de la domination de Ducati, elle traitera Pramac comme plus qu'un simple client. L'approche de Ducati, qui a permis à Jorge Martin de se mesurer à la star de l'usine, Bagnaia, a redéfini la façon dont les constructeurs doivent interagir avec les équipes satellites. Yamaha semble adopter cette nouvelle philosophie.

« Nous avons compris que le jeu avait changé ces dernières années et que nous avions besoin de plus de motos et de pilotes officiels », a déclaré Paolo Pavesio, qui a succédé à Lin Jarvis à la tête de la division course de Yamaha. « Nous voulons travailler ensemble, en tant qu'équipe, pour ramener Yamaha là où elle mérite d'être ».

Le patron de Pramac, Paolo Campinoti, a répété ce sentiment : « Sur la grille de départ, il y aura quatre motos d'usine, sur un pied d'égalité. Il s'agit de faire partie de la famille, pas seulement d'être un client ».

L'époque où les équipes satellites étaient traitées comme des pis-aller est désormais révolue. L'ancien patron de Tech3, Hervé Poncharal, se souvient de la façon dont Yamaha considérait autrefois les équipes non officielles : « À l'époque, ils ne pensaient pas que nous pouvions contribuer au développement. Nos motos étaient peintes en noir pour les sponsors, mais en dessous, il s'agissait des modèles d'usine de l'année dernière. Nous avons même trouvé les initiales de VR (Valentino Rossi) sur certaines pièces. Dovi [Andrea Dovizioso] n'a cessé de demander des mises à jour, mais nous n'étions là que pour remplir la grille.

Une nouvelle ère ou un nouveau faux départ ?

L'alliance avec Pramac représente un nouveau départ, mais l'exécution est primordiale. Yamaha a déjà fait des promesses audacieuses, pour ensuite laisser ses partenaires désillusionnés. Pol Espargaro, qui a piloté pour Tech3, a déclaré un jour : « Yamaha m'a fait beaucoup de promesses qu'elle n'a jamais tenues. J'aurais préféré moins d'argent en échange d'un meilleur équipement ».

Les erreurs du passé ne doivent pas être répétées. Le team manager de Pramac, Gino Borsoi, s'est déjà rendu au siège de Yamaha, dans l'espoir de s'assurer de l'engagement total de l'usine japonaise. Il pense que Max Bartolini, le nouveau directeur technique de Yamaha et ancien de Ducati, jouera un rôle déterminant dans la réduction de l'écart.

« Max leur a donné une vision plus complète », explique M. Borsoi. « Il n'est pas nécessaire de réinventer quoi que ce soit, il suffit de reproduire ce qui fonctionne. Si nous appliquons la méthode de Ducati, nous pouvons accélérer le processus pour que Yamaha redevienne compétitive. »

Le lancement de Yamaha en MotoGP 2025 a envoyé un message clair : les pilotes d'usine et les pilotes satellites se sont retrouvés sur la même scène, unis. Il ne reste plus qu'à prouver qu'il ne s'agit pas d'un simple spectacle, mais du début d'une véritable rédemption.